kok batay

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“Je ne suis pas d’aujourd’hui, je suis né un siècle auparavant”.
On raconte toujours pour se raconter soi, pour se retrouver, pour se sentir inscrit au mitan d’une histoire, pour fuir l’oubli, pour tuer les derniers secrets, pour étouffer l’amnésie.

Kok Batay est une esquisse de généalogie familiale, un retour douloureux aux racines d’un arbre noueux mais solidement ancré.

C’est un trait d’espoir tracé à la craie sombre, une autobiographie romancée, réinventée, un récit où réalité et fiction, petite histoire de famille et grande tragédie s’entremêlent pour donner corps à l’indicible vérité. Une vérité qu’on voudrait muette et qui doit pourtant résonner comme autant de questions fondamentales :
• Comment se retrouver entier quand on sait être né d’une déchirure ?
• Comment échapper à la violence quand elle est si profondément inscrite en soi ?
• Comment refuser cet héritage et comment se construire au-delà des cicatrices ?

À travers l’histoire d’un sans-nom, d’un sans-mémoire, Sergio Grondin nous raconte la violence qui a hanté son enfance, qui imbibe chacun de ses souvenirs, ce que fut sa réalité, sans misérabilisme, ni apitoiement.
Un récit où se côtoient espérance et tragédie, où les hommes s’essaient en vain à conjuguer les verbes “aimer” et “haïr”,
à chercher des bouts d’humanité au milieu des douleurs personnelles et collectives.

Sergio Grondin est « rakontér », ou conteur, suivant l’hémisphère. Il raconte les vies, les gens de son pays, l’île de la Réunion. Figure incontournable du renouveau du conte réunionnais, Sergio Grondin est né en 1976, à l’île de la Réunion, plus précisément à Saint-Joseph sur les hauteurs de Parc à Moutons. Une case bois-sous-tôle posée au bord du rempart, un père coupeur de canne, une « manman » qui le berce aux vieilles « romans », certains écriraient qu’il s’agit là d’une enfance créole, ceux-là n’auraient pas tort. Sur ses premiers chemins « balizé », il rencontre la photographie et se met à imaginer des vies se jouant en 24 poses et 200 ASA. De cette première époque, le raconteur gardera le goût des images, de l’errance, du « vavangaz ». Est venu le temps de la parole, celle des autres, Danyel Waro, Alain Peters, Alain Lorraine et tant d’autres. Le temps du rendre et du dire, comme une réponse nécessaire aux longs silences imposés. Alors, il écrit, raconte. Il raconte le pays d’ici, les petites gens, les destins de rien, les oubliés, les niés, les « pas-vivant ». Raconter hier avant qu’on oublie et demain pour que l’on continue à s’inventer. Là où démarre le chemin du conteur commencent les sentiers du pays. Il joue dans les « kour », les villages, les cases, là où vit la parole. Et puis les festivals, le Grand Prix des conteurs de Chevilly-Larue dont il est finaliste, l’Afrique, l’Europe et l’île, toujours. Il vous emmène dans cette Réunion, populaire, vraie, superstitieuse, au gré de ses histoires créoles vré po vréman sinonsa mentér mé sa, la pa li lotér. Il est artiste associé au Séchoir et depuis 2013 au Théâtre du Grand Marché, Centre Dramatique de l’océan Indien.

www.sergiogrondin.com